« La journée du 10 décembre constitue une journée symbolique depuis de nombreuses années à travers le monde, une journée symbolique pour célébrer les droits de l'homme, une journée qui commémore l'œuvre de nos pères à savoir la déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948 ». Ce sont là les propos de Monsieur Jean Lamy, Ambassadeur de France au Burundi, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’homme (Bujumbura – IFB – 10 décembre 2012).
- Mesdames et Messieurs les représentants des Ministère de la Solidarité Nationale, des droits de la personne humaine et du genre,
- Mesdames et Messieurs les représentants du Ministère de la Santé publique et de la lutte contre le sida,
- Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique et représentants des organisations internationales ici présents,
- Mesdames et messieurs les représentants de la société civile,
- Mesdames et Messieurs, chers amis,
La journée du 10 décembre constitue, vous le savez, une journée symbolique depuis de nombreuses années à travers le monde, une journée symbolique pour célébrer les droits de l'homme, une journée qui commémore l'oeuvre de nos pères à savoir la déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948.
C’est aussi la date habituelle à laquelle le prix Nobel de la Paix est attribué, à Oslo. Et cette année, comme vous le savez, le prix Nobel de la paix est remis à l’Union européenne. Quelle plus belle coïncidence que la remise de ce prix, ce jour, 10 décembre, journée internationale des droits de l’homme.
Ici, au Burundi, nous avons choisi de célébrer cette journée de plusieurs façons :
- la remise du prix des Drits de l’Homme de la République française à l’ANSS (Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et Sidéens)
- la signature d’une convention avec la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’Homme)
- la participation à la semaine de l’OLUCOME (Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques) et à la remise dimanche prochain du prix Manirumva
- la diffusion de deux films forts, aujourd’hui et la semaine prochaine, qui interpellent nos consciences :
o « « S 21, la machine de mort Khmère rouge » un film poignant sur le génocide au Cambodge
o « un certain M. Joinet », du nom du grand juriste français défenseur des droits de l’homme et père des principes de la justice transitionnelle aux Nations Unies.K Cambodge »,
Les droits de l'Homme, qui touchent au respect et à la dignité, « iteka » en kirundi, sont en effet essentiels à l’épanouissement des individus et au bon fonctionnement des sociétés. Les droits de l'Homme, qui se déclinent à travers des droits politiques, économiques et sociaux, pour chaque citoyen, homme ou femme, ont cette vocation universelle qui guide nos sociétés et nos grands textes internationaux depuis plus de 60 ans.
Ces droits ne sont pas l'oeuvre d'une nation, d'une confédération ou d'une organisation mais le fruit du partage de valeurs communes pour l'humanité telles que le droit à la vie, à la sécurité, à la liberté de penser, valeurs partagées par tous qui déterminent des droits universels qui nécessitent d'être toujours défendus, promus, consolidés, dans toutes les régions du monde. C’est ce à quoi nous nous sommes engagés nous, les nations du monde, unies par cet idéal.
Dans l’Afrique des Grands Lacs, ces valeurs sont malheureusement encore trop souvent bafouées, mises à mal et, peut-être plus encore que dans d'autres régions, ont besoin de porte-parole et du soutien des partenaires internationaux.
Je suis donc très heureux ce soir, à l'occasion de cette journée mondiale, de pouvoir d'une part décerner une distinction, mention spéciale du Prix des droits de l'Homme de la République Française, à l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et Sidéens (ANSS) du Burundi en la personne de sa Présidente-fondatrice, Mme Jeanne GAPIYA; d'autre part, de pouvoir procéder à la signature d'une convention de partenariat de 100 000 euros avec l'Institution référente en matière de droits de l'homme au Burundi, la Commission Nationale Indépendante des Droits de l'Homme.
1- Je commencerais par dire un mot de l'action de l'ANSS et de son combat pour la lutte contre le Sida au Burundi : l'ANSS a été fondée en 1993 par Mme Jeanne Gapiya Nyonzima avec pour mission la prévention du Sida, la prise en charge médicale des patients atteints, le plaidoyer pour la défense des droits des séropositifs et personnes malades du sida, en particulier les minorités sexuelles, souvent stigmatisées à cause de la maladie. C’est donc aussi un combat contre la discrimination et pour la tolérance, qui sont des droits essentiels.
Depuis 20 ans, l'ANSS a toujours été à l'avant-garde de ce combat, d'abord pionnière en la matière au Burundi, elle est devenue un exemple, une référence pour le pays, et aussi au niveau international. L’ANSS assure aujourd'hui la prise en charge d'environ 8200 personnes au Burundi dont environ 3800 personnes malades sous ARV et 1600 patients séropositifs. L'ANSS a par ailleurs développé de nombreux partenariats au Burundi, dans la sous-région et en Europe, je citerai les associations AIDES, SIDACTION, Coalition +...
La France a fait de la lutte contre le VIH/sida une priorité aux côtés de l’Union européenne et de l’ensemble de la communauté internationale. Il est désormais possible d’espérer faire émerger une génération sans sida. Cela requiert la poursuite d’efforts soutenus et conséquents. La France prend toute sa part dans cet effort, qui se reflète notamment dans sa contribution financière dédiée à la lutte contre cette pandémie, une de plus élevées au monde :
- 360 millions d’euros par an au Fonds Mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme (triennum 2011-2013), dont 5% sont réservés à l’apport d'expertise auprès des pays francophones pour appuyer la mise en œuvre des subventions du Fonds mondial (dispositif géré par France expertise internationale);
- 110 millions d’euros par an à la facilité internationale d’achat de médicaments UNITAID, grâce à la solidarité de chaque passager aérien (taxe de solidarité sur les billets d’avion);
- plus de 2 millions d’euros par an via nos contributions au Programme commun des Nations unies sur le Sida (ONUSIDA) et ses co-sponsors ;
- 44 millions d’euros par an à l’aide bilatérale contre le VIH/sida, notamment à travers les projets financés par l’Agence Française de Développement (AFD) et la coopération hospitalière (GIP ESTHER « Ensemble pour une Solidarité Thérapeutique Hospitalière En Réseau »).
Ces efforts portent leurs fruits, puisqu’aujourd’hui, grâce notamment à la baisse du coût des traitements antirétroviraux, plus de 8 millions de personnes vivant avec le VIH bénéficient d’une thérapie antirétrovirale, un chiffre en très nette augmentation (accroissement de 63% depuis 2009). Pour autant, encore près de 7 millions de personnes éligibles ne reçoivent toujours pas de traitement. La lutte contre le VIH/sida ne requiert pas seulement un effort financier pour le traitement, la prévention et la recherche, mais également un engagement en faveur des valeurs d’équité, de justice sociale, de tolérance et de défense des libertés fondamentales. C’est le sens de l’engagement de la France.
A ce titre, je suis très heureux ce soir de remettre officiellement à l'ANSS en la personne de Mme Jeanne GAPIYA, la mention spéciale du Prix des Droits de l'Homme de la République Française ainsi que 2 ordinateurs portables neufs pour appuyer l'ANSS dans ses missions de formation et de plaidoyer.
2- Je voudrais maintenant me tourner vers le Président de la CNIDH, le Frère Emmanuel NTAKARUTIMANA, pour présenter brièvement le partenariat de la France avec cette Institution très jeune qu'est la CNIDH.
Vous le savez, cette Commission a vu le jour au Burundi en juin 2011, elle s'est fortement consolidée depuis un an et demi et, au-delà des 7 commissaires qui la composent, s'est dotée de trois antennes régionales à travers le pays, à Gitega, Ngozi et Makamba.
La CNIDH a pour mission la promotion et la défense des droits de l'homme au Burundi, elle a défini pour cela son programme d’actions stratégiques 2013-2015 autour de 5 axes, qui sont : le développement institutionnel de la CNIDH, la promotion des droits de l’Homme, la protection des droits de l’Homme, une stratégie de sauvegarde des droits des groupes vulnérables, l'évaluation de la situation des droits de l’Homme au Burundi.
Ces objectifs sont nobles et nous sommes tous d’accord pour accompagner la CNIDH pour le bon accomplissement de ses missions, au bénéfice des personnes et du droit. Mais nous savons aussi, comme le disait M. Joinet dans le film qui sera présenté ici, que cette tâche est très difficile, que la défense et la promotion des droits suppose une réelle indépendance, et que l’indépendance est toujours d’abord matérielle et technique.
La communauté internationale a salué l'avènement de la CNIDH l'année dernière et la France l'a encouragé dès le départ, avec des appuis en formation via l'Ecole Nationale d'Administration à Paris, via la confection de documents de communication (dépliants de présentation, émissions radios sur le rôle de la CNDIH, spots, synergie des médias...) et via une mise en lien avec le réseau francophone des commissions nationales en charge des droits de l'homme.
Aujourd'hui, ce nouveau partenariat, prévu pour 2 ans, vise d'une part à renforcer la présence de la CNIDH dans les territoires grâce à un appui à ses 3 antennes régionales, qui prendra la forme notamment de séances de formation des représentants des services publics dans ces régions. L’appui de la France à la CNIDH permettra également de mener des études d'évaluation de la situation des droits de l'Homme dans le pays tant sur les droits de première génération (droits fondamentaux de la personne) que sur les droits de seconde génération (libertés publiques, droits économiques et sociaux).
Je voudrais donc profiter de cette occasion ce soir pour réitérer à tout le personnel de la CNIDH les sincères encouragements de la France permettre à cette institution de mener à bien sa mission, une mission de combat pour le respect des droits de l'homme au Burundi, combat qui doit être mené de concert avec les autres Institutions promotrices des droits des citoyens : le Ministère de la Solidarité Nationale, des droits de la personne humaine et du genre, les services de l'Ombudsman, les organes de sécurité, qui organisaient encore la semaine dernière une grande conférence sur la lutte contre les violences faites aux femmes, sans oublier les corps parlementaires de l'Assemblée Nationale et du Sénat.
Je vous remercie
Publiée le 08/11/2019 à 11h11min Partager