Lors de sa séance ordinaire de ce mardi 27 mars 2012, la CNIDH a analysé le conflit entre le Gouvernement, des leaders syndicaux et de la société civile ayant conduit à l’arrêt partiel du travail. De cette séance est sortie la déclaration suivante :
- Ce mardi 27 mars 2012, un mouvement d’arrêt de travail d’une journée a été partiellement observé suite à l’appel lancé par des leaders syndicaux et de la société civile pour manifester contre la vie chère.
- Cette action est menée dans un contexte de montée du niveau général des prix des produits de première nécessité
- Une controverse avait prévalu entre le Gouvernement et les auteurs de la manifestation au sujet de l’opportunité d’enclencher un arrêt de travail après deux séances de dialogue entre les deux parties qui n’ont pas abouti à un consensus sur les questions de fond.
- Ces dernières sont principalement :
- La récente augmentation des tarifs de la Régie de Production et de Distribution d'eau et d'électricité (REGIDESO) avant l’audit financier qui avait été recommandé par l’Assemblée Nationale ;
- Le paiement de l’impôt professionnel sur les revenus par les dignitaires et mandataires politiques dont la mise en œuvre nécessite une réforme légale d’après le Gouvernement et l’Assemblée Nationale ;
- La mise en place d’un cadre formel de dialogue social sur la vie chère.
- La CNIDH reconnaît en effet que la vie devient de plus en plus chère au regard de la flambée des prix des produits de première nécessité.
- La CNIDH est en même temps consciente de la conjoncture économique régionale et mondiale difficile et dont les effets se répercutent sur les économies nationales des Etats dont le Burundi.
- La CNIDH salue l’effort de dialogue et de rapprochement amorcé entre les parties dans un contexte économique aussi difficile.
- La CNIDH déplore néanmoins que ce dialogue n’ait pas abouti à un consensus sur les stratégies efficaces de lutte contre la vie chère dont les conséquences aggravent les conditions de vie de la population.
- La CNIDH constate en outre qu’il persiste un conflit d’interprétation entre la partie gouvernementale, les syndicats et la société civile sur la légalité de la présente grève ou manifestation mais se réjouit néanmoins que tout ce soit déroulé sans violence.
- Pour toutes ces raisons, la CNIDH recommande aux parties de privilégier la voie du dialogue, de la tolérance, de l’ouverture et de la concertation sur une question aussi complexe qu’est la vie chère au lieu d’une guerre médiatique aux effets pervers.
Spécifiquement, la CNIDH recommande :
- Au Gouvernement de :
- Mettre sur pied un cadre spécifique de dialogue social représentatif des principales forces sociales et économiques où toutes les questions en rapport avec la vie chère au Burundi seraient abordées, notamment les tarifs de la REGIDESO, la détaxation des produits alimentaires et l’imposition des revenus de certains dignitaires et mandataires ;
- Redynamiser le Conseil Economique et Social dont le mandat consultatif couvre tous les aspects du développement économique et social du pays.
- A la Société civile et aux Syndicats de :
- Se prêter à l’exercice d’analyse de la question dans toute sa complexité tant sur le plan national, régional qu’international.
- Faire preuve de professionnalisme et de perspicacité afin que les actions menées et les revendications exprimées ne soient l’objet d’une quelconque exploitation politicienne.
Pour la CNIDH
Frère Emmanuel Ntakarutimana
Président
Publiée le 08/11/2019 à 11h11min Partager