CNIDH » Déclarations » Déclaration du Président de la CNIDH, Jean-Baptiste Baribonekeza, au Conseil des Droits de l’Homme, Genève, 22 mars 2016
Excellence Monsieur le Vice-Président du Conseil,
Excellence Monsieur le Ministre des droits de la PersonneHumaine, des Affaires Sociales et du Genre de la République du Burundi,
Excellences Mesdames et Messieurs,
Je voudraisd’abordremercier le Conseil pour cette occasion qui m’estofferte pour parler de la situation des droits de l’hommeprévalantdans le pays.
Les violentes manifestations contre la candidature du Président Pierre Nkurunziza, pourtantentérinée par la Courconstitutionnelle,le coup d’Etatmanqué du 13 mai 2015, ainsique les actes de violence politiqueultérieurs, onteu des conséquencesnégativessérieusessur les droits de l’homme, avec au moins 381 personnestuées, entreavril et décembre 2015. La sociétécivile et les médiasontégalementétéaffectés.
La CNIDH note avecpréoccupation les sanctions politiques, prises sans égard au droitd’êtreentendu par un jugeindépendant et impartial, ainsique les mesures de suspension de la coopérationavec le Burundi, qui pénalisent la population burundaise.
Aujourd’hui, une relative accalmie est observée depuis le début de l’année. 333, soit 72% des personnes arrêtées dans le cadre des manifestations, viennent d’être libérées. Deux des 5 radios privées détruites au cours du coup d’état manqué ont été ré-ouvertes et le dialogue inter-burundais a déjà commencé.
La CNIDH se réjouit de tous ces progrès et recommande :
Au Gouvernement du Burundi
- Prendre des mesures adéquates visant à encadrer la jeunesse et à prévenir et réprimer le recrutement dans des activités de belligérance ;
- Poursuivre la réouverture progressive des médias privés fermés et revoir les mesures de restriction des activités de la sociétécivile, le tout sans préjudice des responsabilités individuelles ou corporatives devant la justice;
- Doter le Ministère de la justice de moyens suffisants;
- Poursuivre résolument le dialogue politique et le désarmement des civils.
Au Ministère de la Justice
- Prendre des mesures de désengorgement des prisons et d’accélération des procès en cours;
- Poursuivre les enquêtes sur les évènements de 2015.
Aux partis et organisations politiques
- Eviter le recoursà la violence ;
A la société civile
- Exercer leurs activités dans le respect de la loi et de leurs statuts respectifs, tout en restant politiquement neutres et indépendants ;
- S’abstenir de faire des déclarations incendiaires ou de mobiliser pour la violence.
A la communauté internationale
- Revoir les sanctions politiques et les mesures de suspension de la coopération;
- Encourager l’arrêt de la violence et la poursuite du dialogue politique.